L’énergie hydrogène est indéniablement une technologie d’avenir. Elle a parfois souffert d’une médiatisation excessive qui a conduit à la déception de certains, mais cela ne doit pas occulter le rôle majeur qu’elle est amenée à jouer dans la transition énergétique de demain. En premier lieu, bien sûr, en raison de son empreinte carbone réduite, surtout lorsque l’hydrogène est produit à partir de sources d’énergie renouvelables.
Un autre avantage majeur est la variété des applications possibles de ce futur carburant (l’hydrogène présente des densités énergétiques par kilogramme plus élevées que les combustibles fossiles ou les systèmes de batteries).
Outre le monde des transports (voitures, poids lourds, chemins de fer, navires, etc.), l’hydrogène intéresse également les industriels qui ont besoin de densités énergétiques élevées et dont les procédés sont fortement émetteurs de gaz à effet de serre (ciment, acier, chimie, etc.) et les spécialistes des réseaux gaziers où il est difficile de réduire les émissions. Enfin, dans un contexte de fortes tensions internationales, l’hydrogène constitue une réelle promesse d’indépendance énergétique pour les pays qui ne produisent pas de combustibles fossiles et il sera également très attractif pour les pays qui ont une part importante d’énergies régénératives dans leur mix électrique : il contribuera à stabiliser le réseau électrique et à rendre l’électricité encore moins chère. Son développement est largement soutenu par les gouvernements et les institutions européennes.
Maturité technologique : 2030 en vue
Pour de nombreux experts, la question n’est pas de savoir si l’hydrogène deviendra une source d’énergie alternative majeure, mais plutôt quand.
En termes de production, de grands espoirs sont également placés dans l’extraction d’hydrogène sans carbone à partir du méthane. Quant aux piles à combustible et aux électrolyseurs, les efforts se concentrent sur l’amélioration de la durée de vie et la diminution du coût des générateurs, notamment en réduisant, voire en supprimant, l’utilisation de métaux précieux. Tous les acteurs du secteur veulent être prêts pour le décollage du marché prévu à la fin de cette décennie.
En ce qui concerne les voitures particulières, les experts sont moins optimistes. Le coût des véhicules et le manque d’infrastructures de recharge risquent de limiter le potentiel de l’hydrogène pour ce type d’usage. Par exemple, il n’y avait même pas trente stations-service d’hydrogène ouvertes au public à la mi-2023 en France. L’inauguration très médiatisée en juin 2023 de la plus grande station de production et de distribution d’hydrogène d’Europe à Paris (Porte de Saint-Cloud) ne suffira pas à inverser la tendance.
L’Europe se mobilise pour l’hydrogène vert
L’Espagne et le Portugal sont souvent cités comme les grands pays producteurs d’hydrogène de demain. La péninsule ibérique dispose d’un important potentiel de production d’énergies renouvelables. Des ressources dont ses voisins pourraient bénéficier. En 2022, les chefs d’État de la France, de l’Espagne et du Portugal ont lancé le projet de corridor européen de l’hydrogène vert « H2Med ». L’objectif est de créer deux connexions : la première entre le Portugal et l’Espagne, et la seconde – via une voie sous-marine – entre Barcelone et Marseille. Bien entendu, la France prend également sa place dans ce nouveau marché.
Avec des initiatives d’envergure comme le projet Electrolyzer Gigafactory d’Elogen à Vendôme, dont la production doit démarrer en 2025, ou celui du groupe franco-belge John Cockerill à Aspach-Michelbach, ou encore les initiatives de Renault (en partenariat avec le groupe chinois Geely) ou de Faurecia (système de stockage) dans le secteur des transports.
Plusieurs entreprises françaises émergent également dans le domaine de l’hydrogène vert. Elles ont toutes pour objectif de permettre aux organisations, industries et nations individuelles d’atteindre leurs objectifs de décarbonation. Fondée en 2017, l’entreprise Nantaise Lhyfe est un producteur et fournisseur d’hydrogène qui se démarque via à sa production d’énergie qui n’émet pas de CO2. Genvia, entreprise créée en 2020 basée à Béziers et en Italie, est spécialisée dans la technologie de l’hydrogène propre. Créée à Paris en 2020 par trois associés qui ont évolué dans le secteur de l’éolien, Arhyze souhaite appliquer le modèle des énergies renouvelables pour développer des capacités importantes d’électrolyseurs en France.
En somme, l’hydrogène vert émerge comme le pivot crucial de la transition énergétique. Porté par des investissements publics ambitieux, il incarne un espoir concret de réduction des émissions et de diversification des applications énergétiques. Bien que des défis subsistent, l’Europe, avec la France en première ligne, s’engage pleinement dans cette révolution énergétique. Des entreprises innovantes émergent, et nous n’en sommes qu’au début de l’histoire.