Pourquoi la rénovation est-elle une solution viable pour les opérateurs ferroviaires ?

La rénovation offre de nombreux avantages pour les opérateurs ferroviaires. Tout d’abord, elle prolonge la durée de vie des actifs existants avec un coût et un planning compétitif par rapport au coût d’opportunité qu’est l’attente de la livraison de plus en plus longue de matériel neuf.

De plus, elle permet d’intégrer des technologies modernes pour fidéliser le client (confort, services, information voyageur) tout en améliorant la performance énergétique des trains (Driver Assistance System, pour réduire la consommation…)

A titre d’exemple, dans le cadre de financements européens pour une énergie de traction moins émettrice de GES, nous intégrons des technologies de pile à combustible H2, ou modifions le système d’alimentation/combustion pour utiliser du Gaz naturel liquéfié à bord de locomotives ou d’automoteurs fonctionnant au diesel.

Economiser du poids soit en utilisant de nouveaux matériaux proposés pour du matériel neuf, qui respectent bien entendu les normes feux fumées, soit en revisitant certains choix techniques passés fait partie des optimisations que vise l’étude d’ingénierie en rénovation.

Quels sont les coûts de rénovation et comment SEGULA gère-t-il les risques liés à l’analyse de rentabilité ?

Les trains sont généralement conçus pour une durée de vie de 30 à 40 ans. A la moitié de leur cycle de vie, ils sont intégralement révisés : on profite souvent de cette révision de mi-vie pour faire une première rénovation du matériel.

A titre d’exemple nous avons aidé les opérateurs à rénover les voitures restaurants de trains grande vitesse des rames Ouigo et ex-Thalys, pour un meilleur confort de la clientèle. Les activités vont du du choix des matériaux, parfois en réalisant nous même le « Styling », aux liasses de plan, qui permettent la réalisation des travaux.

Dans le cadre du prolongement de la vie d’un actif comme le matériel roulant, le défi est que le coût de la rénovation n’excède pas celui de l’acquisition d’un matériel neuf du point du vue du Life Cycle Cost. En ce moment la pénurie de matériel de traction favorise les opérations de rénovation, du fait du cout supplémentaire (dit coût d’opportunité) lié à la perte d’activité que représente l’attente du matériel roulant (rarement livré comme prévu) pour les opérateurs ferroviaires.

L’étude des couts est donc une étape cruciale et minutieuse : nous réunissons une équipe multidisciplinaire, autour d’un designer-concepteur, qui reconsidéra la remotorisation, les sous-systèmes (climatisation), l’aménagement intérieur, les équipements comme les sièges.

Il arrive souvent que sur des matériels roulant anciens, il manque les documents pour connaitre l’état « as maintained » du matériel à rénover. Nous avons recours alors aux technologies digitales comme le scan et le traitement d’image pour reconstituer la « photo » de départ du projet. Le cahier des charges résultant de l’étude est alors soumis aux industriels, challengé pour obtenir la meilleure estimation de cout pour le projet. L’opérateur a ainsi les éléments pour établir son « business case »

La prolongation du cycle de vie des flottes existantes est-elle un avantage significatif ?

Le business case dépend de chaque opérateur, et la décision de rénover pour prolonger la vie des actifs fait appel à plusieurs acteurs, le propriétaire, l’opérateur, les autorités de sécurité, avec des possibilités de financement européens ou publics. Nous accompagnons les acteurs du projet de rénovation, de la conception jusqu’à l’APIS (Authorisation to Place In Service).

Comment voyez-vous l’avenir de la rénovation des trains et son impact sur le verdissement du secteur ferroviaire ?

Je suis très optimiste quant à l’avenir de la rénovation des trains. Avec les avancées technologiques et la prise de conscience croissante de l’importance de la durabilité, nous verrons de plus en plus de projets de rénovation. Ces initiatives permettront de réduire l’empreinte carbone du secteur ferroviaire et de créer des solutions de transport plus efficaces, économiques et respectueuses de l’environnement. En fin de compte, la rénovation des trains joue un rôle crucial dans la transition vers une mobilité plus verte.

L’arrivée d’exploitants privés en Europe stimule la rénovation, ils peuvent acheter du matériel d’occasion ou des flottes existantes pour les rénover, faute de moyens pour acheter du neuf. De plus, les obligations européennes liées au système ETCS/ERTMS nécessitent la modernisation des équipements existants pour rendre les trains interopérables à l’échelle européenne.